Histoire

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Histoire du château de Castelnau-Bretenoux

Le vaisseau rouge de Castelnau-Bretenoux perché sur son éperon rocheux

Depuis plus de 800 ans, le vaisseau rouge de Castelnau-Bretenoux domine la vallée de la Dordogne. Découvrez l’histoire de ce château fort conçu pour être imprenable et sauvé de la ruine par un célèbre chanteur !

Le château des barons de Castelnau

Au commencement...

Au XIe siècle, le nord-est du Quercy dépend du comte de Toulouse. Certaines familles nobles y prennent de l’importance. Parmi elles, les Castelnau ! Un cartulaire  les mentionne pour la première fois vers 1100 : le baron Hugues aurait débuté la construction d’un « château neuf », castel nau en occitan.

Les guerres féodales n’épargnent pas les Castelnau ! La tension monte quand le vicomte de Turenne devient le nouveau suzerain. Difficile de ne pas se soumettre face à un redoutable voisin dont les terres vous encerclent de toutes parts… Pour échapper à son autorité, en 1280 les barons se placent finalement sous la protection du roi de France qui a pris possession du sud-ouest.

À la fin du Moyen Âge, la baronnie monte en puissance. Les bons mariages sont utiles : les barons héritent d’abord au XIVe siècle des nombreuses possessions des Calmont d’Olt en Aveyron, deviennent influents à la cour du pape Jean XXII, puis s’associent aux Caylus du Rouergue au XVe siècle.

Vue du château de Castelnau-Bretenoux au lever du soleil
Vue du château de Castelnau-Bretenoux au lever du soleil

© David Bordes - Centre des monuments nationaux

Des guerres médiévales à la paix

La province du Quercy est au cœur du conflit franco-anglais dès le milieu du XIIe siècle. Dans ce contexte, Castelnau, bâti sur un éperon rocheux dominant, devient une place stratégique ! On construit la tour résidence et le donjon dès le début du XIIIe siècle. Le castel prend de réelles allures de château-fort !

Le renforcement progressif du système défensif du site accompagne la montée en puissance des barons. L’imposant châtelet d’entrée est ajouté au XIVe siècle. Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1456), le château résiste ainsi aux assauts des compagnies de routiers  qui dévastent pourtant le territoire…

À la fin du XIVe siècle, les reconquêtes françaises sur l’Aquitaine anglaise inscrivent définitivement la baronnie dans le royaume de France. Les puissants seigneurs successifs, confortés par le soutien royal, donneront sa forme définitive au château au cours des deux siècles suivants. Avec deux autres corps de logis et une nouvelle tour d’artillerie, le fameux plan triangulaire de Castelnau est fixé pour toujours !

Le châtelet d'entrée ajouté au XIVe siècle
Le châtelet d'entrée ajouté au XIVe siècle

© Pascal Lemaître - Centre des monuments nationaux

D'un château fortifié à une résidence de luxe

En 1530, les Clermont-Lodève héritent des biens des Castelnau-Clermont-Caylus. Le XVIe siècle est marqué par la gestion de Louise de Bretagne-Avaugour, veuve du baron, qui partage sa vie entre la cour de Catherine de Médicis et son cher Castelnau. Au siècle suivant, son petit-fils Alexandre mène une vie fastueuse ! L’austère château-fort se mue en luxueuse demeure : plafonds peints, larges ouvertures, grand balcon d'honneur ouvrant sur la vallée, galeries sur arcades…

Le grand balcon d'honneur construit au XVIIe siècle
Le grand balcon d'honneur construit au XVIIe siècle

© Pascal Lemaître - Centre des monuments nationaux

Fin d'une dynastie et heures sombres

Au début du XVIIIe siècle, Jeanne d’Albert de Luynes, veuve du baron Louis Guilhem puis endeuillée de son unique enfant, reçoit les possessions des Castelnau-Clermont-Lodève. C’est la fin d’une prestigieuse lignée ! Ses descendants attachés à leur vie parisienne se désintéressent de Castelnau.

Le château n’est pas épargné par la Révolution : ses archives sont pillées et le pont-levis est symboliquement démantelé. Au XIXe siècle, les temps sont durs… Castelnau passe de main en main, de projet en projet. En 1844, il échappe de justesse à la démolition. Il est sauvé par le préfet du Lot et l'Inspecteur Calvet, de la toute nouvelle Commission des monuments historiques. Mais il n’est pourtant pas tiré d’affaire… Un incendie le ravage en 1851. Petite consolation : malgré les dégradations, le château est classé parmi les monuments historiques en 1862 !

Photographie de la façade sud envahie par la végétation au XIXe siècle
Photographie de la façade sud envahie par la végétation au XIXe siècle

© Reproduction de Jean-Luc Paillé - Centre des monuments nationaux

Sauvetage et renaissance de Castelnau

En 1896, Jean Mouliérat rachète le château, touché par sa triste silhouette. Cette vedette de l’Opéra-Comique de Paris, lotois d’origine et de cœur, consacre sa fortune et son énergie à le restaurer ! Il y installe son importante collection de mobilier, peintures, tapisseries, statuaire et objets d'art de toutes les époques. Des sculptures en pierre composent un parcours romantique à l’extérieur. Amis des artistes et intellectuels de son temps, il reçoit à Castelnau des personnalités célèbres, comme Rodin, Colette et Willy…

Mouliérat s'éteint en 1932, après avoir fait don à l'État du château et des collections. Selon sa volonté, les appartements que l'on visite aujourd'hui restent tels qu'il les a décorés.

Le monument est aujourd’hui géré par le Centre des monuments nationaux.

La chambre meublée de Jean Mouliérat
La chambre meublée de Jean Mouliérat

© Pascal Lemaître - Centre des monuments nationaux